Artistes : Freeman
Album : L'palais de Justice
Titre : Le voile du silence

 

Grandie dans les régions d'Alger situées dans
Les maquis loin des marchands de tapis,
Exposés le long des rues, ruées de gens sur le pavé,
En se passant le calumet près d'une tasse de thé à la menthe
Sur un air de hutte qui chante sous les tentes, sans arrêt,
C'était en plein été sur la blanche ensoleillée,
Vêtue de blanc sous un immense palmier
Sur le grand port d'Alger, dans sa main un panier
Juste de quoi manger pour le trajet
Assise sur un banc, elle n'a que 18 ans quand elle prit
Son premier bateau pour la Méditerranée,
En direction de Marseille ville rebelle, sous un coucher de soleil,
Où ses parents se sont installé y'a 17 ans, 4 enfants, pas un franc
Seule valise en main, comme compagne sans rien,
Accueillies comme des mesquines, loin des regards des regards mesquins,
Pour y travailler, gagner son pain,
Subvenir à ses besoins, faut bien

Refrain
Elle brise le voile du silence pour prendre les voiles à 18 ans
Elle pense à l'évasion, prisonnière
D'une tradition millénaire sur terre, que faire
Si je revendique des choses pour mes sœurs,
C'est que dans leurs cœurs ça va mal
Combien parmi vous ont fait la cavale
Maintenant on pense à vous
C'est dans les annales

Oubliée dans le désarroi, elle n'a pas le choix,
Elle voit comment les traditions, les coutumes de ses parents,
Dirigent son intégration
Loin du temple, de la tentation
Renfermée dans sa maison, elle n'a pas de chance,
Prisonnière sous le voile du silence la sentence,
Elle fait partie de celles qui pensent à l'évasion,
Voyager vers l'horizon, sa seule passion
Etait collée sur les murs blancs de sa chambre,
Quelques posters de mannequins au regard tendre, sur son regard
Près du miroir, ses larmes tombés comme des cendres,
Elle rêvait de se rendre, partir loin là-bas,
Loin de son lit froissé, mains liées par sa destinée
Dans son 10 mètres carré, près de sa fenêtre,
La tête posée sur ses lettres
Elle s'inquiète, rien à mettre sur ses cahiers de maths
Près des petits frères qui font l'ariate, les pâtes sont cuites,
La faim crie, les frères crient, toute seule
Dans ce bruit, la nuit, le mal elle subit
Elle se couche il est minuit
Refrain

Après les cours elle rentre chez elle, pour elle pas de week-end
Renfermée dans sa maison, en pleine méditation
Le moindre retard était la moindre explication,
Sinon c'était sans réveillon, cloîtrée dans sa chambre
Avec ses rêves et ses crayons, en larme
Sur son carnet secret ses sentiments de femme dévoilée,
En grandissant sans pouvoir parler, rien demander,
Elle n'osait pas, elle haussait pas la voix, pas le choix,
Pas le droit de choisir, désobéir,
Il lui a fallu du temps avant de revenir de là
Où ses cris se broient dans le silence sans rien dire,
Elle inventait les fausses sorties,
Bibliothèques, copie chez la copine complice au combiné,
Cours de rattrapage pour un ciné qu'elle signait sur le cahier
Tout ça pour profiter de la moindre seconde d'une vie volée
Sans clé, sans blé qui se répétait dans sa tête,
Elle a appris à tout faire en cachette,
Depuis l'enfance en cachette, qu'était sa seule devise, sa façon d'être,
D'exister, autant que ces maillons fermés
Obligée de se cacher, pour une envie d'aimer,
Dans une force de liberté, qu'était plus forte que les regrets,
Donnés par les coups de ceinture affligés,
En suppliant jusqu'à maintenant,
Aujourd'hui elle exhorte son passé,
Le temps passe peu à peu, les blessures,
Fatiguée de lutter, elle décida de s'enfuir.
Refrain

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